ADLER (Alfred)

Médecin et psycho­logue autrichien (Vienne 1870 - Aber­deen  1937).  Elève  dissident  de S. Freud, Adler admet la notion d'in­conscient dynamique, mais minimise le rôle de la sexualité dans la genèse de la personnalité et les névroses. Pour lui, qui fut dans son enfance faible et souffreteux, les facteurs indi­viduels et sociaux sont déterminants. L'homme a conscience de sa faiblesse et cherche à y remédier. L'enfant a hâte de grandir, car l'acquisition de la force et de la puissance est aussi celle de la sécurité. Le névrosé, qui n'a pas réussi cette adaptation, doit être éduqué afin de pouvoir s’in­tégrer  harmonieusement  dans  son monde et s'ajuster à ses valeurs. Adler  est  l'auteur  de  nombreux articles et ouvrages, dont les plus importants sont le Tempérament ner­veux et le Sens de la vie. (V. incons­cient.)

ALAIN

(Emile Chartier, dit), philosophe  français  (Martagne  1868 -Le Vésinet 1951). Professeur au lycée Henri-IV, son influence s'exerça profondément sur de nombreuses générations  d'étudiants.  Il  est  surtout connu par ses Propos (Propos sur le bonheur, les Idées et les Ages, Propos sur l'éducation, etc.). Pédagogue, il se veut éducateur et, à travers l'écolier, il recherche l'homme qu'il faut éduquer, discipliner. La méthode qu'il prône est sévère, reposant sur la contrainte, la difficulté, l'effort. Dans  son  système  pédagogique, rigide et froid, seuls comptent le triomphe de soi et l'exercice de la volonté.
Ces principes austères conviennent aux adolescents, qui aiment généralement l'effort, parce qu'il est un moyen de s'affirmer. Mais il n'en est pas de même pour le jeune enfant. Pour lui, qui est régi par le principe de plaisir, la difficulté n'offre aucun attrait. Cependant, il est capable de faire les efforts nécessaires pour la surmonter, lorsqu'il en comprend l'intérêt et qu'il a une forte motivation. Les  éducateurs  contemporains  ont bien  saisi  l'importance  de  cette notion, que l'on retrouve dans tous les systèmes pédagogiques modernes groupés,  habituellement,  sous  le' vocable d’école active s. (V. active (école), plaisir.)

ALEXANDER (Franz)

Psychanalyste américain (1891-1964). Après avoir été assistant à l'Institut de Berlin (1920),  Franz Alexander s'installa, en  1923,  à  Chicago  (Etats-Unis), où  il  fut  professeur de  clinique psychiatrique. Il est surtout connu pour ses études sur les affections psychosomatiques (la Médecine psychosomatique)  et  ses  conceptions psychanalytiques sont largement diffusées dans de nombreux ouvrages dont plusieurs sont traduits en français (Principes de la psychanalyse, Psychothérapie analytique). Alexander s'intéresse davantage aux situations conflictuelles dans lesquelles se trouve l'adulte qu'à ses conflits infantiles, et il n'hésite pas à intervenir activement, par ses encouragements, pour aider le patient à dépasser les obstacles qui l'arrêtent. Par ses interventions, il s'efforce de rendre au sujet son indépendance en lui signalant tout ce qui constitue une entrave à l'exercice de son autonomie morale. Cette attitude permet, le plus souvent, d'abréger la durée de la cure (qui n'est plus une véritable psychanalyse), mais elle comporte le danger de voir l'analyste substituer à personnalité à celle, plus faible, du malade, qui risque de ne jamais pouvoir s'épanouir. Cet écueil n'a pas échappé à Alexander, qui, dans certains cas où un tel aménagement de la cure analytique peut échouer, continue d'appliquer rigoureusement les principes de la méthode freudienne. (V. psychanalyse, psychosomatique.)

BABINSKI

(Joseph), neurologue français (Paris 1857 - id.  1932). Il est surtout connu pour ses travaux sur le système nerveux. Il a montré le caractère artificiel des troubles observés dans l'hystérie dite « hystérie de conversion » et à laquelle il a donné le nom de pithiatisme, qui sont guérissables par la persuasion.

BARUK

(Henri), psychiatre français (Saint-Avé, Morbihan, 1897). Professeur agrégé de médecine psychiatrique à l'université de Paris depuis 1946, et médecin-chef de la Maison nationale de Saint-Maurice (1932), il a orienté ses recherches, principalement, sur les conditions neurologiques et chimiques des maladies nerveuses (étude « des troubles mentaux dans les tumeurs cérébrales » [1926] et de la catatonie provoquée chez les animaux : la Catatonie expérimentale  par  la  bulbocapnine ([193O]). Par la suite, il s'intéressa particulièrement aux problèmes moraux dans la folie, au sens de la justice et à la conscience morale (Psychiatrie morale expérimentale, 1945).

BECHTEREW

(Vladimir Mikhailovitch), psychophysiologiste   russe   (Viatka 1857 — Leningrad 1927). Il est surtout connu par ses travaux sur le conditionnement chez l'animal et l'homme. On lui doit une Psychologie objective (1913), les Fondements d'une réflexologie génétique et, surtout, les Principes généraux de la réflexologie humaine. Il remarqua que le corps possède une mémoire organique et que des réflexes « accidentels », d'origine naturelle (comme le mouvement involontaire de recul que l'on a devant un serpent inoffensif), coexistent avec les réflexes acquis par l'éducation. (V. conditionnement.)

BERGER

(Gaston), philosophe et psychologue  français  (Saint-Louis  du Sénégal 1896-Longjumeau 1960). Psychologue-né, s'intéressant avec une aimable simplicité aux individus, toujours orienté vers l'action, Gaston Berger fut successivement industriel à Marseille (après avoir publié, en 1925, un mémoire sur les Conditions de l'intelligibilité et le problème de la contingence), professeur à la faculté  des  lettres  d'Aix-en-Provence (1941) et directeur de l'enseignement supérieur (1953). Influencé par les travaux de Heymans et Wiersma sur la caractérologie, il contribua à la diffusion de la typologie hollandaise par son  enseignement  universitaire et la publication de son Traité pratique d'analyse du caractère (1950). Dans son ouvrage l'Homme moderne et son éducation, qui fut édité après sa mort (1962), il étend ses principes à l'éducation, qui devrait être, selon lui, permanente et conçue pour faire de nos enfants, non plus des « savants », mais des inventeurs.

BERGSON

(Henri), philosophe français (Paris 1859-id. 1941). Brillant élève de l'Ecole normale supérieure, il passe l'agrégation de philosophie et  devient  docteur  ès  lettres  à trente ans. Par la suite, il est nommé professeur au Collège de France, est élu à l'Académie française (1914) et obtient le prix Nobel (1928). Psychologue de la vie intérieure, il dénonce le caractère artificiel de l'introspection  purement intellectuelle,  analytique, qui ne permet pas d'appréhender toute la richesse des phénomènes psychiques. Pour cela, dit-il, il est nécessaire de faire appel à l'intuition, qui saisit l'objet de pensée immédiatement  et dans son  essence même. Aux vues associationnistes il appose  le  courant  de  conscience, l'élan vital, l'évolution créatrice. En cherchant à atteindre le donné authentique, il annonce les tendances les plus modernes de la phénoménologie. (V. introspection.)

BINET

(Alfred) psychologue français (Nice   1857 - Paris  1911).  Esprit curieux, ouvert à tous les domaines de l'activité littéraire, scientifique et artistique, AIfred Binet se consacra, passionnément,  à  la  psychologie, après avoir fait représenter une pièce au Grand-Guignol, réussi la licence en  droit  et  entrepris  des  études de sciences naturelles (qui  furent sanctionnées par le grade de docteur ès sciences).
Entré comme préparateur au laboratoire de psychologie physiologique de  la Sorbonne, en  1891, il  en devient le directeur quatre ans plus tard. Tous les processus de pensée le passionnent, mais il s'attache surtout à l'étude de l'intelligence, qu'il essaie d'appréhender par tous les moyens possibles. Il étudie les aspects de la physionomie, de la tête et du corps, s'intéresse à la graphologie, et à l'intelligence des enfants. En 1904,  le ministère de  l'Instruction publique décide d'organiser l'enseignement des anormaux; il constitue une commission, dont Binet fait partie, chargée de sélectionner les débiles mentaux.
L'année suivante, une méthode de dépistage est publiée, en collaboration avec Th. Simon, qui est sans cesse améliorée jusqu'en 1911.
Cette échelle métrique de l'intelligence fut le premier test mental réellement utile en pratique. Son succès mondial, lié à sa simplicité, est à l'origine du développement de  la psychométrie  tout  entière.  Dans l’œuvre considérable d'Alfred Binet, on peut lire avec profit son excellent volume intitulé les Idées modernes sur- les enfants (1911).

BLEULER

(Eugen),  médecin  psychiatre suisse (Zollikon, près de Zurich, 1857 - id. 1939). Il s'est illustré  par  ses  études  sur  « la démence  précoce  ou  groupe  des schizophrénies ». Il a introduit en psychiatrie le terme schizophrénie, devenu depuis classique. Il montra que ces malades mentaux sont, malgré leur apparente indifférence, des personnes extrêmement sensibles qui ont, derrière leur écorce protectrice, une vie intérieure intense (autisme).

BÜHLER

(Karl), psychologue allemand (Meckesheim 1879 - Pasadena 1963). Après avoir enseigné à Munich, à Dresde, puis à Vienne, il émigre en Californie. Influencé par les recherches de l'école de Würzburg, il oriente d'abord ses travaux vers l'étude expérimentale de la pensée. Par la suite, il adopte les conceptions biopsychologiques de la Gestalttlieorie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer : Die Gestaltwahrnehmungen (1913), Die Krise der Psychologie  (1929)  et  Sprachtheorie (1934). [V. Gestaltpsychologie.]

 

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